Ah ah ! Tu as perdu, petit cyborg !

« Vraiment, est-on vraiment obligé de bien s'habiller pour aller au restaurant ? ... Regardez moi ça, ce gros et gras monsieur, la bas, par exemple ; et bien, les poils de la moustache graissée et soigneusement peignés, le complet tout gris tout beau tout propre qui vient jute d'être dépoussiéré et qui sent encore l'antimite, à tout les coup ! ... Et oui, c'est ça quand n sort ses habits de fête de l'armoire une seule fois par an ! ... Quoi que je suis peut être un peu mal placée, puisque je n'ai pas d'habits de fête... Et que surtout, je ne met pas d'antimite dans mon armoire ! ... Et oui, un bleu d'ingénieur, de toute façon, couvert de cambouis, un peu brûlé par mégarde lorsque l'on soude un bidule non identifié et que l'on oublie de retrousser ses manches... Ce qui donne de joyeux instants de panique, d'ailleurs, mais l'aile des ingénieurs en a vu d'autres ! ... Et bien tout ça pour dire qu'antimite ou pas, on ne voit pas bien la différence... A part peut être pour l'odeur... Et encore, pas sur ! ... Bon, il se dépêche Rory ? Je sais que je suis bien installé, la, comme une reine, à ma table de restaurant, mais quand même, faire attendre une dame, même si elle a oublié de se faire coquette pour aller au restaurant et qu'elle s'est pointé avec son bleu de travail, ça ne se fait pas ! ... »

Je soupirais, et redoublais la cadence de mon pas, mon sempiternelle lourde besace de cuir battant ma jambe au rythme régulier de mes pas pressés.

Le ciel n’était pas très joyeux, il était même plutôt gris, et les nuages menaçaient de se crever dans l’après-midi afin de déverser leurs eaux.

La pluie, je n’aimais pas particulièrement ça, puisque la pluie, et bien, ça mouille, et qu’en trainant dehors sous la pluie qui mouille, et bien, il est difficile de garder du cuir au sec... Et en effet, même si le vernis usé, limé et écaillé craquelait de part en part sur ma besace et était sensé la protégée de ce genre de d'attaques, maintes taches de graisse et d'eau la recouvrait.

J'entrais dans le magasin, laissant l'air lourd de la rue derrière moi. La boutique était assez chaleureuse, même si je n'y avais mis les pieds qu'à de rares occasions, j'aimais bien ce restaurant.

Je ne pensais pas que Musuko soit arrivée avant moi, jusqu'à ce que je la vois assise à une table. Elle m'aperçut aussi, et commença à me faire de grands gestes.

Elle se faisais remarquer... Tant pis, j'avais l'habitude. D'ailleurs, j'avais l'impression de l'avoir sortie de sa rêverie... Peut être comptemplait-elle le magnifique groupe de retraité qui venaient de s'installer à une table, semblant fêter quelques chose... Peut être un centenaire ?

En tout cas, les mémé et pépé s'étaient fait beau, les dames avaient sortis leurs rouge à lèvre cramoisi et les monsieur avaient changés de mouchoirs.

Je contournais leur table et allait m'installer face à Musuko. Je posais ma lourde besace au sol, en faisant bien attention à ne pas la regarder...

« Aaaah, ils ont sortis les chemises à carreaux ces messieurs ! Et les jupes à fleurs ces mesdames !... C'est pas que ce ne soit pas beau... Quoique... Mais bon, je ne porterais pas ça moi ! ... Même si j'aurais peut être pu faire quelques efforts niveau vestimentaire, quand même, je ne sais pas si il faut se faire beau pour venir au resto, mais un bleu de travail ! ... J'aurais au moins en prendre un qui ai moins de cambouis ...

Bon, c'est pas que je m'ennuie mais presque ! Ou il est le petit cyborg ? Qu'est ce qu'il fait ? ... Bon, d'habitude, il est toujours plus ou moins ponctuel, ça doit être moi qui ai de l'avance ! ... Beaucoup d'avance, je dirais, parce que ça fait un moment que je poireaute moi aussi ! ...

Ah ! Le voila ! Paaaaaarfait ! ... Et comment il va le petit cyborg ? Il va bien ?... »

Quand j'arrivais, je posais doucement ma lourde besace au sol, en faisant attention à ce qu'elle se plie, de façon à se tasser sur elle même pour éviter qu'elle ne vomissent son contenu au sol.

Puis je quittais ma veste en velours, limé par les années, sur le dossier de la chaise, car Musuko s'était confortablement installée sur la banquette. Je m'asseyais quand j'entendis ma sœur qui semblait s'adresser à moi :

« [...] Paaaaaarfait ! ... Et comment il va le petit cyborg ? Il va bien ?... »

Je savais que je l'avais surement coupée une nouvelle fois dans un monologue, mais je savais que ces paroles m'étaient destinées...

« La question est rhétorique, je dois quand même répondre ? ... »

Je laissais quelques instants de silence passer, et elle ne les interrompit pas. A qui dois je ce miracle ? Ma sœur qui arrête cinq dixième de secondes de parler...

Mais ce n'était pas dans ma nature de faire la gueule longtemps, et je ne pouvais rester de mauvaise humeur. Je fini donc par briser le silence en répondant :

« Bah, il irait surement mieux s'il ne s'était pas fait roulé dans la farine, mais sinon, il n'y a apparemment pas d'autre raisons pour qu'il aille mal ... »

Je toussotais, et regardais par la vitre qui nous séparait de la rue, la pluie commençait à tomber, au dehors.

« Booooon, je me demande quand même si je l'ai vexé, le petit cyborg... C'est vrai qu'il a l'air vexé... Mais c'est le jeu ! Il a perdu, il a perdu ! Quand même, il m'a même déçue, je l'aurais pensé plus fort que ça ! ... Il était plus tenaces autrefois ! Il faut dire qu'il avait plus de temps pour répondre quand on étaient coincé dans cette cité avec une gardienne trèèèèèès paranoïaque... Et tant plus que ça... Comment ? Ah, oui, pardon, une question rhétorique ? Bah ne répond pas si ça te chante, petit cyborg !... Ah bah si répond, c'est mieux quand même... »

...

...


« Bah, il irait surement mieux s'il ne s'était pas fait roulé dans la farine, mais sinon, il n'y a apparemment pas d'autre raisons pour qu'il aille mal ... »


« Aaaaaaaah ouf ! Du blanc, du vide, personne qui parle, je n'aime pas ça !
D'ailleurs, j'ai failli commencer à chanter vive le vent !... Ah, tiens, le serveur qui arrive prendre notre commande ! ... Bonjour Monsieur ! Euh... Une formule avec plat du jour et dessert s'il vous plait ! ... Oui, merci !... D'ailleurs, c'est quoi, le plat du jour ?... »

Musuko ne sembla pas m'en vouloir, même si elle souligna le fait qu'elle n'appréciait pas les vides dans les conversations... Je me demandais pourquoi elle s'était tue à ce moment la, alors, et j'avais espéré avoir eu le dernier mot, mais il n'en était rien.

Quand le serveur arriva, elle le salua, puis prit sa commande, le menu plat du jour et dessert. Puis elle se reprit et demanda ce qu'était le plat du jour, et je soupirais : Elle l'avait commandé sans savoir de quoi il s'agissait.

Décidemment, elle ne changera jamais ! ...

Le serveur se tourna vers moi, et je dit :

« Bonjour, une omelette western, s'il vous plait, et un je prendrais un dessert...»

Le serveur me demanda si je prenais la commande du dessert plus tard, et j'affirmais, bien que je sache exactement ce que je voulais prendre.

Puis le serveur repartit d'un pas dansant, je regardais un instant les quelques vieux dinant ici à midi, puis reportait mon regard Musuko :

« Profite en, c'est moi qui offre !... »

« Ah ah ! Je le sais bien que c'est toi qui offre, petit cyborg ! ... Alors comme ça, tu aime les omelettes ? ... Je ne sais pas ce que l'omelette western a de particulier, mais en tout cas, même moi je devrais arrivé à cuisiner une omelette ! ... Quoique.... Oui, bon, mauvais exemple, mais toi, qui prépare maintes préparations, tu devrais bien arriver à te faire cuire un œuf non ? ... A moins que tu ne sois encore plus bête que ce que je pensais ! ... Non, je te taquine, petit cyborg ! ...

D'ailleurs, je me demande ce que tu vas prendre en dessert... Moi un gâteau au chocolat, comme d'habitude et comme toujours !... Je n'ai pas vu la carte de dessert, j'espère qu'il y en a ? ... Je n'ai pas envie de retourner bosser dans ma cave sombre et humide sans chocolat ! ...

Et bien, je peux bien en profiter un peu, de ma victoire ! Tu as perdu, petit cyborg, uh uh ! »

Elle parlait sans cesse, comme à son habitude, mais il me semblait qu'elle était d'assez bonne humeur, de part ses propos, et la connaissant bien, je le devinais.

Elle me taquina même, parlant de ses talents de cuisinière -Car elle faisait le plus souvent cramer ses création culinaire, ce quoi je répondais laconiquement :

« Je choisis mieux mes exemple quand je cherche la petit bête, petite ingénieur ! ... »

Elle parla de dessert, et en effet, je savais ce que je prenais et je me doutais de ce qu'elle avait choisi d'office, du chocolat.

« Tu as perdu, petit cyborg, uh uh ! »

Je respirais calmement, je m'étais fait avoir, la défaite était cuisante ! Je fini par proposer :

« Et nous faisions une nouvelle manche, en remettant les gains en jeu ? Oudes gains différents, qu'importe ! ... »